Wednesday, June 4, 2014

Terrienne, Jean-Claude Mourlevat

Ce livre dormait dans ma PAL depuis pas moins de trois ans, ce qui commençait à être long, n'est-ce pas ?

A l'occasion de la fin de l'année scolaire, des vacances et de toutes ces joyeusetés, je me suis donc attelée à faire baisser le niveau de ma pile à lire, en commençant par ce vétéran des bouquins non lus.

J'avais acheté ce livre juste pour son auteur, ce qui est très rare pour moi (ça m'est arrivé avec Jean-Luc Marcastel, Serge Brussolo ou encore Haruki Murakami), mais j'ai une admiration sans bornes pour cet auteur. Il a écrit Le Chagrin du Roi Mort, qui est sans doute son livre le plus connu, mais mon petit chouchou restera toujours Le Combat d'Hiver, qui est un de mes coups de cœur de tous les temps. Vraiment. Sans rire, allez le lire. Vite.


Bref, Terrienne raconte l'histoire d'Anne, une jeune fille dont la sœur a disparu.
En passant sur une certaine route non loin de Saint-Étienne (élue la ville la plus sexy de l'année 2011), elle parvient à atteindre une dimension/ un univers parallèle où elle apprend que sa sœur est retenue prisonnière.
Elle se retrouve donc dans un monde où les humains ne respirent pas, ne pleurent pas, cliquètent au lieu de rire et éprouvent un profond dégoût pour les Terriens. Ces derniers sont réduits à l'état de légende, et le bruit, la saleté, le contact physique, les odeurs, et la cuisine sont des choses qui sont inconnus de ces êtres qui sont finalement... peu humains.

Ça peut paraître un peu farfelu comme synopsis, et je pense que si on est un écrivain médiocre (=moyen) le concept n'aurait sans doute pas collé. Mais ici, on parle de Jean-Claude Mourlevat.
Et cet auteur est bon, son écriture est fluide, et ses univers, quels qu'il soient, sont toujours convaincants. Ses histoires n'ont pas de pitié pour les personnages, si quelque chose de douloureux et de choquant doit arriver, le lecteur n'est pas épargné. Et c'est bon !

C'est un auteur qui ne se fiche pas des ados, et ça fait plaisir.


J'ai trouvé l'univers parallèle au nôtre absolument convaincant.
Pour éviter que le lecteur ne se sente totalement étranger avec ce monde, l'auteur utilise des hybrides entre les humains et ces êtres là pour expliquer et décrire cet univers. Les hybrides sont à la fois humains comme les terriens, et humains comme les personnes de ce monde parallèle, ce qui fait qu'on découvre les habitudes terriennes à travers le regard de personnes qui n'y sont pas du tout habituées, et c'est très amusant.
La nostalgie d'Anne pour son monde est contagieuse et on n'a qu'une envie: se rouler dans l'herbe et inspirer la vie à pleins poumons.

En parlant de respirer, je trouve que c'est très intéressant de faire de la respiration la différence fondamentale entre ces deux espèces d'humains. Ceux qui ne respirent pas, avec leur poitrine inerte, ont l'air d'être des robots (voire des cadavres ambulants). D'ailleurs l'analogie se poursuit avec leurs voix métalliques et leurs cliquètements.
Ces êtres n'ont pas grand chose d'humain, et semblent à la recherche d'humanité. Ce sont les grands dirigeants de cet univers qui peuvent "profiter" de la présence d'humaines, ce qui montre bien que l'humanité représente finalement la récompense suprême dans ce monde. Mais c'est une fascination qui n'est pas de notoriété publique. Les autorités du pays entretiennent le mystère et le mythe autour des humains, martelant que ce sont des créatures imaginaires.

Bien sûr dans tout ce fouillis, il y a une histoire d'amour, sinon c'est pas drôle. Et là encore, j'ai été agréablement surprise par la relation entre Anne et Bran Ashelbi (Game of Thrones represent!) qui n'est pas trop stéréotypée. C'est un peu cliché quand même parce qu'ils s'aiment au premier regard, mais ça ne m'a pas gênée plus que ça. J'ai vraiment ressenti la même façon de traiter l'amour que dans Le Chagrin du Roi Mort ou Le Combat d'Hiver.
L'auteur décrit des relations qui ne sont pas idylliques, l'amour et l'affection sont sincères, mais les deux héros doivent franchir des obstacles énormes avant de pouvoir se faire un bisou. Personnellement je suis assez fan de cette "formule" d'amoureux dans les romans.

(attention, cette partie peut représenter un spoiler si vous avez déjà lu le Combat d'Hiver)
Je rajoute quelques mots pour Torkensen, l'ami de Bran, qui me fait terriblement penser à Milos du Combat d'Hiver, qui est un des personnages de fiction que j'aime le plus au monde. Rien que ça. Bon il n'est pas aussi incroyable, mais il est touchant et courageux également.

Si vous avez lu et aimé Terrienne, je vous conseille donc chaudement tous les autres bouquins de Mourlevat.

A bientôt, et bonne lecture !

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